Zoë Bindley-Boutin
Pour Zoë, l’art est un médium d’introspection. Lorsqu’elle peint, elle s’exprime et se représente. Elle peint souvent des corps féminins, principalement le sien, avec des couleurs et des textures qui reflètent ses sensations ou des histoires vécues.
‘‘Mon art c'est l'oeuvre d'une jeune femme qui ressent trop, qui pense trop et qui parle trop fort, mais fuck it, je n’ai pas peur de ça, moi, les émotions et les pensées. En présentant mes oeuvres devant mes collègues de classe, j'avais souvent l'impression d'overshare. On présentait souvent des œuvres engagées portant sur des sujets sociaux et politiques, ou des phénomènes que l'on vit tous, mais d'une façon impersonnelle, alors que moi, je présentais mes amours, mes ruptures, mes insécurités, bref, tout ce qui me rendait vulnérable. Puis j’ai découvert que cette vulnérabilité est une force chez moi. Et c’est cette vulnérabilité qu’on retrouve dans chacune de mes œuvres. ‘‘
Elle exerce plus sérieusement son art depuis un peu moins de deux ans. Elle a essayé de peindre toute son adolescence; elle avait de bonnes idées et de bons concepts, mais ne savait pas comment bien les exécuter, ce qui la frustrait et la décourageait beaucoup.
‘‘Au début de la pandémie, j’ai commencé à peindre chez moi, sans pression. J’ai réalisé que l’art était un champ d’intérêt que je désirais plus explorer, alors j’ai décidé de faire mon DEC en arts visuels. ‘‘
Étant une personne très introspective, Zoë est en constante évolution; la tête dans les nuages et les pieds sur terre en même temps.
‘‘Je suis sensible et maladroite, je fais de mon mieux et mes intentions sont toujours pures. Je pense énormément, j’écris beaucoup, mais j’ai de la difficulté à m’exprimer à voix haute. Je fais de l’art parce que toutes les personnes dans lesquelles je me vois sont des artistes. I’m all over the place and that’s fine with me.
L’artiste qualifie l’ensemble de ses œuvres comme un immense autoportrait.
‘‘Pour moi, la vulgarité, c’est montrer ce que les autres ne montrent pas. Ma vulgarité je l’exerce dans la façon dont je peins des corps nus, mais je l’exerce aussi dans ma façon d’être. Je ris fort, je pleure fort, je vis beaucoup d’émotions et je n’essaie pas de les restreindre. Je suis la fille qui pleure ouvertement dans les wagons de métro, et si ça ne plait pas, qu’on regarde ailleurs. En gros, je crois que la vulgarité, c’est l’authenticité, c’est être soi-même sous toutes ses formes, c’est d’arrêter de se cacher et de se fondre dans le moule. ‘‘
‘‘Selon moi, la censure n’a pas sa place dans l’art, et surtout pas dans les arts visuels. Les artistes utilisent l’art pour s’exprimer, pour faire réfléchir, pour faire parler. Pour moi, entrer dans une exposition, c’est consentir à ce qu’un artiste me montre ce qu’il a à me montrer, quoi que ce soit.
Je crois aussi qu’il y a des nuances à faire. J’ai déjà vu des œuvres qui étaient très graphiques et violentes, et je comprends que certaines personnes peuvent en être touchées et choquées. Je crois qu’en tant qu’artiste, il faut aussi être conscient de l’impact que nos œuvres pourraient avoir sur autrui, et en informer le public. D’un autre côté, si une personne emmène son enfant dans une exposition de Robert Mapplethorpe, elle ne peut pas se fâcher d’y voir des photographies de pénis. L’art, c’est sensible, et ça vient chercher la sensibilité des gens. L’important c’est de respecter ses limites personnelles.
Bref, la censure, c’est un sujet qui est très débattu dans le milieu de l’art, et ce, depuis toujours. Je ne suis pas une experte sur le sujet, et rien n’est noir ou blanc, mais je crois que la censure est à éviter le plus possible!
Quand je parle ici de censure, je ne parle pas de propos haineux, qui eux n’ont leur place nulle part. Je parle de sujets et d’images qui choquent sans blesser de groupes de personnes.’’